Algérie

Afrique

PIB / Habitant ($)
5 221,8 $
Population (en 2021)
45,9 Millions

Evaluation

Risque Pays
C
Climat des affaires
C
Précédemment
C
Précédemment
C

suggestions

Résumé

Points forts

  • Importantes réserves pétrolières et gazières
  • Potentiel en gaz de schiste, or, zinc, plomb, phosphates et fer
  • Potentiel dans le domaine de l’agriculture, des énergies renouvelables, de la pétrochimie et du tourisme
  • Loi de 2022 qui favorise les investissements privés nationaux et étrangers
  • Position géographique favorable, à proximité du marché européen
  • Faible endettement extérieur (3% du PIB fin 2023)
  • Importantes réserves de change (16 mois d’importations)
  • Population importante et jeune

Points faibles

  • Forte dépendance aux hydrocarbures (90% des exports, 60% des recettes budgétaires, 30% du PIB), aux transferts sociaux et aux importations alimentaires
  • Secteur public (y compris bancaire) peu efficace, infrastructures souffrant du manque d’investissement public
  • Stress hydrique et mauvaise gestion de cette ressource
  • Massif déficit public financé par le fonds souverain et les banques publiques
  • Chômage des jeunes élevé (29% en 2024), peu d’opportunités pour les diplômés
  • Etatisme, corruption, lenteur et inefficacité de la justice, réglementation opaque, environnement des affaires incertain

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Europe
64%
Turquie
6%
États-Unis d'Amérique
5%
Royaume-Uni
4%
Chine
4%

Import des biens en % du total

Europe 28 %
28%
Chine 20 %
20%
Brésil 6 %
6%
Turquie 6 %
6%
Russie (Fédération de) 3 %
3%

Perspectives

Les perspectives économiques mettent en lumière les opportunités et les risques à venir, aidant à anticiper les changements majeurs. Cette analyse est essentielle pour toute entreprise cherchant à s'adapter aux évolutions du marché.

Une croissance stable soutenue par l’investissement et la dépense publique

En 2024, la croissance a ralenti sous l’effet des restrictions imposées à l’activité pétrolière par le quota de l’OPEP+ (-99 000 barils par jour). La réduction volontaire de 51 000 b/j, décidée par le pays en janvier 2024, sera progressivement supprimée entre avril 2025 et septembre 2026, faisant passer la production nationale de 907 000 b/j en moyenne en 2024 à 934 000 b/j en décembre 2025. Toutefois, cette hausse de production sera contrebalancée par l’érosion des cours du pétrole. Après une contraction de 6,5% en 2024 en raison des opérations de maintenance dans les usines de liquéfaction à Arzew, la production gazière devrait rebondir en 2025 grâce aux nombreux investissements de la société nationale Sonatrach, en association avec des compagnies étrangères. Parmi les projets majeurs en 2025 figure Boosting III, lancé fin 2024 pour un budget de 2,3 milliards de dollars, en partenariat avec Baker Hughes et Tecnimont. Ce projet vise à moderniser et étendre le réseau de production du gisement de Hassi R’mel, le plus grand champ gazier du pays, situé dans la wilaya de Laghouat. Cependant, les exportations de gaz seront limitées, la moitié de la production étant consommée localement, et l’Union européenne privilégiant le gaz américain pour réduire sa dépendance au gaz russe. Les investissements publics se poursuivront également dans la construction de logements sociaux, qui font toujours cruellement défaut, et d’infrastructures publiques (eau, assainissement, transport, électricité, notamment). La consommation privée continuera d’être fortement soutenue par la dépense publique, dynamisant le secteur des services (45% du PIB, 60% de l’emploi).

Le pays poursuivra ses efforts de diversification économique en 2025, avec un accent particulier sur l’agriculture, deuxième contributeur au PIB (13% du PIB, 10% de l’emploi). En 2024, l’Etat a déployé des mesures incitatives, notamment le relèvement du prix d’achat des céréales et légumineuses auprès des agriculteurs et une subvention des engrais portée à 50% de leur prix de référence. Plusieurs projets stratégiques ont été lancés dans les wilayas du Sud, dont un projet majeur de 3,5 milliards de dollars en avril 2024 en partenariat avec le groupe qatari Baladna, portant sur l’élevage de vaches laitières et la production de lait en poudre sur 117 000 hectares dans la wilaya d’Adrar. De même, en juillet 2024, un partenariat de 420 millions de dollars a été conclu avec l’italien BF pour la production de céréales, de légumineuses et de pâtes alimentaires sur 36 000 hectares à Timimoun. L’Etat projette d’atteindre l’autosuffisance totale et complète en blé dur d’ici fin 2025, après avoir couvert 80% des besoins nationaux en 2024. Concernant le tourisme (5,8% du PIB et 7,5% de l’emploi), les performances resteront très à la traine de celles des pays voisins, avec 3,5 millions de visiteurs en 2024, bien inférieur au Maroc (14 millions). La carence de transports, d’infrastructures hotellières et de restauration et la difficulté d’obtention du visa en sont largement la cause. 90 projets touristiques entreront en exploitation en 2025, et Air Algérie inaugurera deux nouvelles liaisons internationales dès le mois de mars, améliorant ainsi l’accessibilité des destinations touristiques algériennes. Enfin, le pays dispose d’un potentiel minier considérable, avec des sites majeurs tels que Gara-Djebilet (fer) et Tala Hamza-Amizour (zinc, plomb), en cours d’exploitation par des acteurs étrangers. Toutefois, avec une contribution actuelle du secteur de seulement 1% au PIB, il souhaite renforcer son attractivité en adoptant une nouvelle loi minière. Celle-ci prévoit d’exclure l’activité minière de la liste des secteurs soumis à la règle 49/51 - qui limite la participation étrangère à 49% – et permettrait aux investisseurs étrangers de détenir jusqu’à 80% du capital d’un projet.

L’inflation a nettement ralenti en 2024 en raison d’une baisse de l’inflation importée (notamment alimentaire), soutenue par les mesures gouvernementales de stabilisation de la monnaie nationale et un contrôle renforcé des prix. En 2025, le gouvernement poursuivra ses efforts pour renforcer le pouvoir d’achat et stimuler la production agricole locale afin de limiter les pénuries et les nouvelles flambées des prix. Toutefois, la politique budgétaire toujours expansionniste, associée à une consommation privée dynamique, exercera une légère pression à la hausse sur l’inflation. La banque centrale maintiendra une politique monétaire inchangée avec un taux directeur stable à 3% depuis mai 2020, sans guère d’effet, compte tenu de l’excès de liquidité sur le marché.

Important déficit public et creusement du déficit courant sur fond de baisse des revenus pétroliers

En 2025, la politique budgétaire restera expansionniste pour soutenir le pouvoir d’achat et l’investissement. La Loi de finances prévoit un budget record de près de 17 000 milliards de dinars (128 milliards de dollars, +10% par rapport à 2024). Les dépenses resteront dominées par les salaires, les transferts sociaux et la défense. Les transferts seront renforcés, notamment par l’augmentation des subventions alimentaires. Le budget inclut également plusieurs mesures fiscales avantageuses, telles que l’exonération de la TVA sur les produits alimentaires de base et les services Internet ou encore la réduction de 50% de l’impôt sur le revenu global (IRG) et de l’impôt sur les bénéfices des sociétés (IBS) pour les activités exercées dans le Sud. Parallèlement, l’Etat prévoit d’accroître ses recettes hors fiscalité pétrolière afin d’atténuer la baisse des revenus provenant des hydrocarbures. Ainsi, dans le cadre de la mobilisation des ressources fiscales, les taxes sur les activités liées au tabac, aux pierres et métaux précieux sont revues à la hausse. Un impôt foncier majoré s’appliquera aux biens immobiliers secondaires non occupés, et les tarifs des vignettes automobiles pour les véhicules puissants seront relevés.

Malgré des recettes pétrolières encore confortables, leur érosion incitera l’Etat à limiter les prélèvements sur le Fonds de régulation des recettes (FRR) destinés à financer le déficit (environ 1/3 de ce dernier). En 2025, il s’appuiera donc davantage sur l’émission de dette intérieure. En conséquence, l’encours de la dette publique devrait augmenter en 2025. L’endettement externe restera proscrit, inférieur à 3% du PIB.

Après la réapparition d’un déficit courant modeste en 2024, celui-ci devrait se creuser en 2025. Les revenus des hydrocarbures, qui représentent 90% des exportations totales, reculeront sous l’effet de la baisse des prix de l’énergie. Parallèlement, la vigueur de la consommation intérieure soutiendra un niveau élevé d’importations, alimenté par les besoins alimentaires et l’achat d’équipements ménagers et d’automobiles, d’autant que beaucoup de restrictions ont été levées. Les importations de biens d’équipement nécessaires à l’investissement vont conserver leur forte progression. Cette dynamique entrainera une nouvelle réduction de l’excédent commercial. En outre, le léger excédent de la balance des revenus secondaires ne suffira pas à compenser les déficits des revenus primaires et de la balance des services. La progression des recettes touristiques ne compensera qu’en partie celle des importations de services, portées par l’essor des investissements. Le déficit courant sera aisément financé sur les confortables réserves de change, qui contribuent également à la stabilité du dinar.

Second mandat présidentiel : entre stabilité interne et tensions diplomatiques

Réélu pour un second mandat de cinq ans en septembre 2024, toujours avec le soutien de l’armée, le président Abdelmadjid Tebboune poursuivra une gouvernance axée sur le maintien de la stabilité politique en 2025. Celle-ci sera assurée par des dépenses sociales élevées permettant de contenir le mécontentement populaire et de limiter le risque de troubles sociaux. La puissance des forces de sécurité, la faiblesse de l’opposition et la répression des libertés civiles (propagande, répression de l’opposition, contrôle des médias) conforteront le pouvoir.

Sur le plan régional, les tensions avec le Maroc persisteront au sujet du Sahara occidental, un territoire revendiqué par le Maroc, que les Nations Unies qualifient de non autonome et en attente d’autodétermination. Alger soutient le Polisario, le mouvement sahraoui indépendantiste. Fin 2024, l’Algérie a levé les restrictions commerciales qu’elle avait imposées à l’Espagne en juin 2022, après le soutien de cette dernière au plan d’autonomie proposé par le Maroc pour le territoire. Cependant, les relations franco-algériennes se sont détériorées depuis que Paris a reconnu, en juillet 2024, que ce plan d’autonomie était la « seule base » de règlement du conflit. Depuis lors, les deux gouvernements s'affrontent sur des questions de coopération migratoire, d'accès à leur territoire et de respect des accords bilatéraux. Par ailleurs, l’Algérie poursuivra sa coopération avec les Européens dans le domaine du gaz et des énergies renouvelables. En janvier 2025, elle a officiellement rejoint le projet d’envergure SouthH2 Corridor, destiné à fournir 4 millions de tonnes d'hydrogène vert par an à l’Europe via la Tunisie. Elle a également réaffirmé son engagement à mener à bien le projet Medlink, une interconnexion électrique sous-marine visant à exporter de l’électricité verte algérienne vers le continent européen. Enfin, le pays continuera d’entretenir ses liens avec les BRICS, en particulier la Chine, qui investit massivement dans les infrastructures, les hydrocarbures et les projets miniers, ainsi qu’avec la Russie, son principal fournisseur d'armes et allié stratégique sur la question du Sahara occidental. Toutefois, soucieuse d’éviter une trop forte dépendance à Moscou, Alger a signé un protocole d’accord avec Washington en janvier 2025, afin de renforcer leur coopération militaire.

Dernière mise à jour : mars 2025

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